Le débat du 4 avril entre les 11 candidats à la présidentielle française n'a pas manqué de sel. Mais qui va donc réussir à remporter cette plus importante partie de l'année et qui s'annonce très serrée ?
Ils étaient 11 mardi soir, lors de la table finale du Main Event des élections présidentielles 2017, les FSOP (French Series Of Présidentielle). Comme aux WSOP, nos participants à la plus grosse partie politique de l'année espèrent faire partie du heads-up au soir du 23 avril, un duel final qui aura ensuite lieu le 7 mai.
Bluffs, relances, trash talk et coup bas, tout l'arsenal du joueur de poker y est passé. Mais qui s'en est sorti le mieux ? Qui a réussi à dominer la table et à se poser en favori pour la victoire finale au casino de l'Elysée ?
En toute indépendance et sans prise de parti, PokerListings a donc voulu dresser le portrait pokeristique des 11 candidats après leur prestation lors du débat télévisé.
Note : Le tapis de chaque candidat est la moyenne du nombre de ses fans et suiveurs sur Facebook et Twitter.
Nathalie Arthaud
Club local : Lutte ouvrière
De : Peyrins (26, Drôme)
Âge : 47 ans
Tapis : 5 200
Personne ne l'attend vraiment mais la joueuse qui se réclame des petits joueurs amateurs a su se montrer très agressive lors de ces premières mains. Peut-être un peu trop parfois si bien que son jeu a aussi pu horripiler certains spectateurs.
Ses relances sont également souvent trop stéréotypées et ce manque de variété dans son jeu ne peut décemment lui permettre de viser le dernier carré.
François Asselineau
Club local : Union populaire républicaine
De : Paris (75)
Âge : 59 ans
Tapis : 31 300
Un joueur très académique, peut-être trop, qui récite sa partition par cœur à la table. Peu connu avant cette table finale, il réussit à présent à convaincre un certain nombre de fans grâce notamment à ses connaissances techniques étonnantes de tous les chapitres des manuels de poker.
Il s'agit en revanche du seul joueur qui menace de quitter immédiatement toute partie en Europe s'il venait à gagner ce tournoi.
Jacques Cheminade
Club local : Solidarité et progrès
De : Buenos Aires (Argentine)
Âge : 75 ans
Tapis : 6 000
Le souriant septuagénaire ne nourrit que peu d'ambitions dans cette table finale (sa troisième après 1995 et 2012). Il n'embête personne, personne ne l'embête. Mais on aime toujours l'avoir à la table, pour l'écouter raconter ses histoires de poker du futur.
Le poker n'est d'ailleurs pas vraiment une passion pour lui, comme on avait pu le voir il y a 5 ans lorsqu'il avait accepté de répondre à nos questions.
Nicolas Dupont-Aignan
Club : Debout la France
De : Paris (75)
Âge : 56 ans
Tapis : 119 500
Plébiscité en tant que meilleur joueur de son club local à Yerres dans l'Essonne, Nicolas veut légitimement passer à l'étape supérieure.
En progrès sur le plan national depuis sa dernière finale de 2012, il espère notamment profiter du faux pas d'un de ses voisins à la droite de la table.
Si son jeu paraît cohérent et qu'il se veut un joueur éthique, il reste peut-être encore un peu dans l'ombre et peine encore à convaincre les fans de poker qui en ont marre de voir toujours gagner les mêmes. Du coup ceux-ci risquent de continuer de supporter de plus grandes stars dans cette partie.
François Fillon
Club local : Les Républicains
De : Le Mans (72, Sarthe)
Âge : 63 ans
Tapis : 408 500
L'un des dinosaures de la table, présent sur le circuit depuis bien longtemps.
Invité surprise après sa qualification lors du tournoi satellite des primaires de son club, il s'annonçait comme l'un des gros favoris pour la victoire finale.
Mais de nombreuses affaires de triche le concernant remontent au grand jour. Et même s'il s'en défend, difficile de faire confiance à ce joueur de la vieille école, parfois même méprisant envers ses adversaires ou les fans.
Reste que ses supporters semblent ne pas le lâcher, et s'il continue de parvenir à esquiver les bad beats et que les cartes lui sont favorables, il peut donc toujours nourrir des espoirs de sacre.
Benoît Hamon
Club local : Parti socialiste
De : Saint-Renan (29, Finistère)
Âge : 49 ans
Tapis : 263 300
Benoît est un joueur à la fois appliqué et discret, qui ne s'affirme que par intermittences. Mais son plus gros problème est d'être handicapé par le piètre jeu développé par son club de poker au cours de ces cinq dernières années. Du coup peu de monde veut en entendre parler pour la victoire finale.
Il a bien essayé de rallier l'un des chip leaders Jean-Luc Mélenchon à sa cause pour faire collusion, mais ce dernier a bien senti qu'il n'avait que peu d'intérêt à faire cela. Et c'est l'inverse qui devrait finir par se produire.
Annoncé comme le cinquième homme de cette table finale, il sera en effet dur pour lui de remonter un bon tapis et il devrait finir par se faire manger par les blindes.
Jean Lassalle
Club local : Résistons !
De : Lourdios-Ichère (64, Pyrénées Atlantiques)
Âge : 62 ans
Tapis : 27 300
On ne sait pas qui l'a invité à la partie mais une chose est sûre, Jean crève l'écran dès qu'il prend la parole et est la caution "divertissement" de cette table finale.
On ne comprend pas vraiment son jeu qui part d'ailleurs un peu dans tous les sens, mais passé les rires nerveux voire moqueurs, l'homme est attendrissant et suscite malgré tout un certain respect.
D'autant que Jean occupe une fonction importante dans le club de poker de sa ville (depuis 1977 !).
Il ne fera cependant que de la figuration dans cette partie et son petit tapis aura du mal à lui faire éviter les toutes dernières places, mais sa présence reste rafraichissante dans ce monde du poker politique qui se prend souvent trop au sérieux.
Marine Le Pen
Club local : Front national
De : Neuilly-sur-Seine (92, Hauts-de-Seine)
Âge : 48 ans
Tapis : 1 321 000
Une joueuse qui lorgne sur le titre suprême depuis un certain nombre d'années, et qui peut de plus en plus y croire vu sa progression constante au classement du leaderboard.
On l'attendait d'ailleurs peut-être plus en vue lors de ces premières mains mardi soir, nous ayant habitué à un jeu agressif.
Si son jeu généralement stéréotypé reste efficace pour beaucoup d'observateurs, elle s'est pourtant parfois retrouvée en difficulté sous le coup des attaques et relances d'autres joueurs avec un moins gros tapis, comme Philippe Poutou.
Chip leader avec un gros tapis, elle reste néanmoins logiquement parmi les gros favoris. Mais les joueurs issus de son club ont toujours été largement battus au final en heads-up.
Emmanuel Macron
Club local : En marche !
De : Amiens (80, Somme)
Âge : 37 ans
Tapis : 444 600
L'un des principaux favoris pour la victoire... sans que l'on sache trop pourquoi d'un point de vue du poker pur.
Emmanuel est certes jeune ce qui plait dans ce type de partie, peut compter sur une bonne base de supporters malgré son arrivée récente sur le circuit, et a les faveurs de beaucoup de médias. Cependant nombre de fans ne sont pas convaincus par son jeu tiède, sans prise de risque ni vraie stratégie concrète.
De plus, le fait qu'il ait travaillé pour de grands opérateurs à qui on reproche la mort des petits clubs de poker en Europe (et dont on dit qu'ils l'encouragent encore), ne joue pas en sa faveur.
Jean-Luc Mélenchon
Club local : La France insoumise
De : Tanger (Maroc)
Âge : 66 ans
Tapis : 943 800
Il a pris confiance dans son jeu et ça se sent. Un peu assagi (à l'instar de Marine), Jean-Luc n'a pas vraiment fait d'erreur au cours de ces premières mains, d'autant qu'il sait quand attaquer et quand rester en retrait. Sa prestance et ses bons mots font aussi souvent mouche à la table, ce qui lui permet de prendre un certain ascendant psychologique, et ses adversaires n'osent pas vraiment l'attaquer.
"Merluche" n'a pas d'énorme point faible, sauf pour les fans qui n'adhèrent pas à sa stratégie bien sûr.
Du coup, cette première manche lui a fait monter un bon tapis, et il se replace parmi les favoris, au moins déjà pour parvenir en heads-up. Si c'est le cas, ses chances de titre dépendront beaucoup de qui sera son adversaire.
Philippe Poutou
Club local : Nouveau parti anticapitaliste
De : Villemomble (93, Seine-Saint-Denis)
Âge : 50 ans
Tapis : 94 400
Il avait décidé de venir en tenue du dimanche, car il ne se sent pas appartenir à cet univers des casinos.
Il sait aussi qu'il n'a aucune chance pour la gagne, alors il était surtout venu pour trash talk ses adversaires et semer un peu la pagaille dans la partie.
On l'aura aussi souvent vu se retourner vers son rail pour prendre des conseils, au point parfois de se désintéresser totalement de la partie.
Même si certains lui reprocheront un comportement excessif par moments, il aura fait le show pour les spectateurs et marqué les esprits à sa façon.
Et une fois que vous aurez fait votre devoir citoyen, vous pourrez ensuite aller jouer à du vrai poker !